C’était un cauchemar ! Jamais je n’avais fait pareil cauchemar, aussi puissant qu’un film où toute une vie aurait été distillée en une histoire torrentielle et frénétique, un cauchemar, ce vieillard aux chairs pendantes et néanmoins lubrique, un cauchemar cette vierge folle, cette obsédée des boyaux culiers chantés par Villon, un cauchemar, ce petit singe hirsute, tout droit sorti d’un caprice de Goya.
Encore tout perturbé par le rêve, je me levai, j’allai à la cuisine engloutir le reste d’un gâteau tous les biscuits du pain du fromage des radis des navets, enfin tout ce qui semblait mangeable sans travail.
Gavé et abruti de nourriture, je m’endormis du sommeil des bienheureux.
Le lendemain matin, par curiosité, j’ouvris le tiroir où je rangeais l’entonnoir. Il n’y était plus. Je ne me laissai pas aller à des platitudes sur la signification des rêves : je devais l’avoir jeté par mégarde dans les ordures, je m’en étais aperçu sans m’en apercevoir, et j’avais fabriqué ce rêve où les trois gobelins pillaient ma cuisine pour expliquer sa perte.
Réfléchissons. L’entonnoir est symbole de tromperie ; immortalisé par Jérôme Bosch, il est l’accessoire principal du médecin charlatan qui essaie de guérir l’hurluberlu de la berlue. Ainsi toute cette histoire autour de l’entonnoir n’était qu’une façon de me dire en rêvant que les trois gobelins sont deux charlatans et une charlatane et moi un pauvre crétin qui leur ai fait confiance
(NB: charlatane, féminin de charlatan, n’est pas une nouveauté inclusive : que Leurs Sénilités de l’Académie ne me lapident pas)
Mais oui je connais la symbolique de l’entonnoir en psychanalyse, et je connais aussi son recyclage en symbole associé à l’horrificque et abominable théorie du genre, nouveau dissolvant universel qui remplacera bientôt la mythologia universalis en vigueur, soit la bonne vieille psychanalyse qui est en train de pourrir stratifiée sur les débris de la mythologie pieusodévote qui n’en finit pas de mourir, elle-même usurpatrice des mythologies
A – teutonique, indigeste comme une choucroute garnie d’Alsace et
B – gréco-romaine, aux obscénités cochonissimes, multiples et hétéroclites.
Je soussigné, Candide Beatusvir, déclare solennellement et devant témoins, en ce jour d’hui, ne pas croire un seul mot de la théorie performative du genre dite vulgairement théorie du genre, qui est un ramassis de sottises sans aucun fondement empirique qu’on nous ordonne d’installer dans nos cerveaux comme on nous a précédemment ordonné d’y installer la psychanalyse, théorie qui est le jus de cerveau d’une doctoresse Nova Mores ou Novamores, je ne sais plus, purgatif qu’il faut boire avec le même courage que de l’huile de ricin, en espérant que ladite huile ressorte par le bas sans avoir fait de dégâts sur son passage, comme toutes les mythologies précédentes et afférentes
connexes et ci-jointes
parmi lesquelles la mythologie sortante, dont les représentants décrépits
vétustes et séniles
s’époumonent à critiquer âprement toute nouveauté circum mores potentiellement psychanalysicide comme contraire aux lois de la nature telle qu’ils la conçoivent, conception fossile et imprescriptible, et donc infaillible comme tout ce qui est fossile.
Le soussigné Candide Beatusvir condamne la susmentionnée théorie performative du genre comme une mythologie monstrueuse
opaque
visqueuse
gluante
poisseuse et évacuative,
laquelle, comme ses prédécessrices, empêche de penser
de voir
de raisonner et de comprendre,
et diagnostique ses contradicteurs sicut dictatura sovietica, qui englue
empoisonne
envenime
empoisse et corrompt
tout ce qu’elle touche, qui s’invite quand on marche
boit
mange
court
saute
dort
s’habille
éternue
se mouche
rit
parle,
et fait toutes sortes de guiliguilis étourdissants à une foule multigenre au lieu d’être des bestiaux de reproduction comme le voudraient les tutus noirs,
et ainsi de suite.
Je signe: Candide Beatusvir Ier Amphimachos, roi de moi-même jusqu’à nouvel ordre, c’est-à-dire, jusqu’à ce qu’on me fasse perdre la tête, événement funeste
néfaste et pernicieux,
qui ne m’est encore jamais arrivé, Dieu soit loué, et je prie tous les jours le Bon Dieu pour que ça ne m’arrive jamais, et que je garde toujours la raison, et échappe à toute théorie
nomenclature
taxonomie
observation
analyse
répertoriage
étiquetage et codage
critique raisonnée pure et impure,
et ainsi de suite.