A quoi nous servent les légendes sur le Dieu,
nous ne sommes pas saints toi et moi
nos dieux sont tous ces chemins
qui mènent au dernier combat.
Bande originale du film (soviétique, pour les enfants
et adolescents) Oiseau de bronze,
Paroles : Boulat Okoudjava
Musique : Stanislav Poljakov
Pays : URSS, 1974
Les archanges de l’armée rouge
parlent, parlent la bouche pleine.
Darling, darling, tu m’aimes
encore ? Tes bottes
dans la cuisine traînent.
Viens le rouge,
viens l’étrange.
Dans les jardins explosent les chrysanthèmes.
Ne crache pas dans la crème
fraîche, mange !
C’est déjà demain,
ni patates, ni pain.
Nagent dans la trouble pisse :
chevaux et trains
merveilleux lointain –
ralentissent, ralentissent, ralentissent.
Le crade aime le propre,
le propre aime le crade
de mille façons.
La place. Parade sur un bifteck saignant
et toi devant – en salopette petit garçon.
Le grand-père paysan
en a plein le cul :
une en kolkhoze,
un en prison,
une dans une fosse.
Et la cadette,
celle qui a survécu,
prépare la soupe
aux écussons
et épaulettes.
Soleil. Oreille. Satan.
Une crêpe à s’étouffer avec.
Ennemi du peuple,
descends que je te lise.
A l’horizon énorme espion couchant.
rigole, rigole, rigole, ironise.
Les suicides du mois d’août
seront les accouchements au mois d’avril.
J’aurais aimé vous dévoiler ma chrysalide,
mais ma montagne est sous l’écoute.
Dans le vomi du matin
avant que ne se lèvent
les envoyés du Dieu terrible,
pépé descend tourner l’hiver à vide,
crève le moteur,
achève le film.
La chose ivre et humide,
horrible,
voit un Rêve.
Extrait de Équiper les anges – et dormir, dormir, La Passe du vent, 2017.