À peine avais-je pénétré
dans l’appartement vendredi dernier
qu’à la femme
qui s’y tenait
fus sommé
de m’expliquer
:
cette
femme était la mienne je crois —
et je venais d’
apporter un renfort substantiel
aux statistiques
du chômage.
Fais-moi pas chier,
dit-elle.
Ne viens pas
me raconter d’histoires
et surtout, surtout,
ne te dresse pas
devant moi
,
vendredi prochain sera jour de loyer
et ce loyer
tu m’apporteras.
Vendredi suivant
vint.
Le loyer
je n’avais.
La porte
je pris.
Oui,
oui.
Comme
ça.
hum
hum.
Mesdames
messieurs
tous autant
que vous êtes
je vous serais reconnaissant
de bien vouloir
traverser la rue
afin de m’aider à rassembler
ledit
loyer,
dis-je.
Que les uns donnent
une pièce rouge
les autres
une pièce jaune.
Bientôt je compris
qu’à courir ainsi la nuit
pas longtemps
ne tiendrais.
Mais je continuai.
Je m’acharnai.
Oui,
oui.
Comme
ça.
hum
hum.
Il y a bien des années de cela.
Maintenant
de pièce rouge en pièce jaune
j’ai amassé
les 532,80 euros
de mon loyer.
Ma barbe a poussé
mon foie s’est nécrosé,
trois fois les bulldozers
ont détruit mon quartier,
trois fois les promoteurs
l’ont réhabilité.
De la femme ci-dessus
ni des prix du marché
ne saurais rien dire
d’assuré.
Je vous serai donc
reconnaissant
tous autant que vous êtes
de bien vouloir vous rassembler,
car nous allons
danser.
Traduction libre de House rent boogie, John Lee Hooker.
Texte original :
Hey
It’s the house rent boogie
I come home last Friday, talk to the woman that I lost my job
She says don’t confront me an’ so I have my rent next Friday
An’ next Friday come, I didn’t have the rent an’ out the door I went
Yes, yes
Hm, hm
Yes, yes
Come here now y’all, right ‘cross the street here
Help me get this rent together
Some give me a nickel and some give me a dime
I’m tired of keepin’ this movin’ every night
I can’t hold out much longer
Now I got this rent, now let’s get together, y’all
Let’s have a ball
Hey, hey, hey, hey, hey, hey, hey, hey, hey, hey, hey