On remonte l’arbre généalogique
jusqu’à l’aïeul un peu moins tocard
on s’arrête on souffle un coup
mais ça n’empêche
qu’on ne passera jamais
à la postérité
dans ma lignée
des cousins ont fouillé les archives
sans trouver une seule branche
à l’air libre
toutes les branches
remontent, toutes
dans la terre
elles plongent parmi les taupes
aux confins de l’Allier
pas le moindre laquais royal
pas un gugusse exotique
d’Auvergne ou du Berry
tous culs-terreux laboureurs journaliers serfs
se tiennent en rangs serrés
raides comme balle
dans vingt kilomètres de montagne
(pays dont l’austère inactualité
frappe)
si le métissage est une richesse
cet arbre tordu vers le sol
me laisse pauvre comme job
un jour les cousins m’ont appris
que j’étais mort récemment
c’était le titre de l’article
qu’ils m’envoyaient en lien
l’homonyme en question
venant de trépasser
habitait là-haut
occupant les fonctions de maire
d’un hameau peuplé de forêts
je suis passé le voir au cimetière ;
dans le marbre
mon nom gravé
et sa typographie dorée
donnaient un peu d’ampleur
au froid
(ça mord à vif)
j’ignorais qui était ce type
il ne me connaissait pas
je suis rentré tôt
c’était janvier
c’était jour d’élection
hélas personne
ne s’est présenté