Ça s’appelle Perrin Langda et compagnie,
c’est blanc, A5, 64 pages.
On se dit : merde, on va encore se bouffer un bouquin collectif.
Eh oui. Encore un.
D’habitude je n’aime pas trop ce genre de bouquins : trop d’éparpillement,
pas assez de cohérence.
J’aime bien pouvoir m’ébattre dans un seul univers pendant une centaine de pages,
c’est bon pour le cardiovasculaire.
En plus, à part les mentions « édité par Walter Ruhlmann »,
« co-édité par Perrin Langda »,
on ne sait pas trop autour de quoi est censé s’articuler le truc.
Et pourtant ce bouquin-là n’a pas quitté mes chiottes depuis un mois.
Je le précise, parce le bouquin que tu lis aux chiottes,
c’est celui qui a l’énorme mission d’accompagner ton dernier moment de silence et de solitude
avant l’entrée de la Grosse Journée.
La Grosse Journée de Merde, on la théorisera plus tard,
mais tu la connais :
elle est derrière la porte, elle va bientôt se réveiller, et elle aura la dalle.
Alors quand tu lis :
La neige aurait dû tomber
mais le ciel a seulement la couleur d’un de mes vieux tee-shirts
anciennement blanc
plus très mettable
mais qui, hissé en haut d’une pique
fait comprendre que je suis en paix.
(Stéphane Poirier, p.22)
ou encore :
J’ai attendu que les violons se taisent
j’ai attendu que la femme se taise
et que la souffrance s’évade
et j’ai été faire
la vaisselle.
(Mike Kasprzak, pp.28-29)
, dis-moi dans le blanc des yeux si tu l’as pas, ta revanche,
sur ta Grosse Journée ?
Alors certes, c’est un peu cheap de la reliure,
et ça aurait demandé un peu de boulot de mise en page pour qu’on y pige un peu mieux qui dit quoi,
mais si c’est le prix à payer pour que l’ensemble ne coûte que 5 euros, alors,
alors,
on va pas faire les dégoûtés.